Sites et applications de rencontre : comment nos rendre moins sexistes et inegalitaires ?

Sites et applications de rencontre : comment nos rendre moins sexistes et inegalitaires ?

Devenues banales, les applications de dating ont toutefois un modele economique et des metriques qui favorisent un modele sexiste et inegalitaire. Serait-il possible de renverser la vapeur ? Les pistes de Jessica Pidoux, sociologue suisse experte des e-boutiques de rencontre.

En dix ans, les applis de dating et les sites de rencontre seront devenues un mode de socialisation amoureuse incontournable. On se retrouve bon nombre moins dans un bar ou au boulot qu’en “swipant” puis en “matchant” dans Tinder ou Happn. Mais tout irait beaucoup si le mode de fonctionnement de ces plateformes ne laissait jamais a desirer.

L’algo des inegalites

Tout commence avec le modele economique de ces applis, qui reproduit, suivant les sociologues, des inegalites en fonction du sexe. Tinder, la plateforme la plus utilisee et Notre plus connue, fonctionne avec l’algorithme ELO, deja utilise concernant le “matchmaking” au sein des jeux video online. Dans l’univers du gaming, le systeme analyse le niveau des joueurs et des joueuses, et leur attribue un score Dans l’optique de les placer dans des parties ni trop faciles ni trop ardues. Sur Tinder, au debut, des scores de “desiderabilite” etaient donnes a toutes les utilisateurs. Apres plusieurs scandales mediatiques, ils ont fera place a d’autres scores, mais bases sur https://besthookupwebsites.org/fr/celibataires-locaux/ le nombre de “likes” ainsi que “matches” obtenus.

Or, comme ils font plus d’hommes sur les applis de dating que de dames, ces dernieres raflent environ likes, donc de matches. Tandis que nos utilisatrices croulent sous nos messages, nos utilisateurs masculins n’en recoivent que tres minimum. Frustres, certains depriment ou deviennent agressifs avec les femmes qui ne leur repondent jamais (au point que les cas de cyberharcelement concernant Tinder se multiplient), ainsi, d’autres mettent mon tour a la poche. Tandis que Afin de ces dames, tout est gratuit (une facon de les inciter a s’inscrire en masse, a votre base).

Ces dames seront sursollicitees, les hommes paraissent frustres

Selon une enquete menee par deux journalistes de l’univers, le taux moyen de match dans la quete d’une relation heterosexuelle reste de 50 % pour une femme, et celui d’un homme de 2 %. D’un cote, ces dames paraissent sursollicitees, voire harcelees, et de l’autre, les hommes sont frustres et doivent donc payer Afin de etre visibles. Tout comme Facebook essaie de garder au maximum ses utilisateurs sur sa plate-forme en faisant des likes des “recompenses”, Tinder a recours a “l’economie de l’attention”, et a ainsi fait d’une frustration des hommes son gagne-pain. “Tinder travaille avec de professionnels du jeu video Afin de connaitre De quelle fai§on activer les mecanismes de frustration au cerveau des hommes.

Quand ils ont identifie un profil susceptible de payer (un certain niveau de revenus, un certain niveau d’etudes, etc.), ils le rangent dans une categorie ou le profil apparait moins. Un coup qu’il achete l’option (Boost ou Gold), le profil est, selon le score, soit montre normalement, soit montre bon nombre plus”, explique Jean Meyer, PDG de Once, une application de dating qui apparai®t, on le verra, comme une solution. “Les internautes sont notes a travers des likes collectifs agreges. En fera, l’evaluation vient des autres utilisateurs, votre systeme encourage evidemment par Tinder”, explique de son cote Jessica Pidoux, sociologue et auteure en 2020 d’une these sur les algorithmes des applis de rencontre pour l’Institut des humanites digitales de l’Ecole polytechnique federale de Lausanne (EPFL), en Suisse.

Frustrations et sexisme

L’effet d’un tel systeme base via la frustration reste evidemment nefaste Afin de la confiance en soi des utilisateurs qui ne recoivent que peu de “likes”, voire jamais de “matches” di?s qu’ils demeurent dans la version gratuite de Tinder (mais aussi beaucoup de autres applis de dating qui utilisent le aussi modele, de Happn a Adopte Un Mec), tel des utilisatrices qui de leur cote se sentent harcelees. Mais Cela reste aussi nefaste concernant le porte-monnaie des hommes. Car des fonctionnalites “premium” ne semblent nullement non plus informations. On doit comme debourser, sur Happn , 22,99 € Afin de 1 mois, Dans l’optique de pouvoir voir qui vous a “like”, passer en mode “invisible” (dans le but de ne pas etre vu par le ex, Prenons un exemple), ou de cacher quelques infos personnelles. Sur Adopte Un Mec, il convient payer il faudra payer 9,99 € via semaine ou 13,33 € par mois pour, tout juste… lire les messages recus de la part des utilisatrices interessees. Qui, de leur cote, ne payent que dalle, mais croulent sous les “charmes” (un nouvelle terme pour penser “likes”).

Cette inegalite en fonction du sexe nourrit votre stereotype : celui de la rencontre entre une femme “passive” et un homme agressif ou CSP+. “Le modele economique d’une majorite des applications de dating en jeu est sexiste et inegalitaire. Mes hommes seuls paient, ou quand des deux paient, ce paraissent les hommes qui paient le plus cher. Ca instaure des rapports de domination : du moment que l’homme paye, il va avoir beaucoup plus de pouvoir que ceux qui ne paient jamais ; hommes ou jeunes filles. Ceux qui ne paient jamais deviennent l’article, proposees Afin de ceux qui paient. Se cree aussi une division sociale : les plus fortunes sont favorises et trouvent plus vite 1 mari, ou de ‘meilleurs’ candidats que nos autres”, observe Jessica Pidoux. L’inegalite generee concerne donc aussi bien le genre que le pouvoir economique.

Selon la sociologue, des algorithmes utilises par la majorite des applis de rencontre (Tinder, puis Badoo, Meetic, Happn, Adopte votre mec…) ont recours a une technique d’IA, le machine learning, pour renforcer l’efficacite de leur systeme. Tandis que les utilisateurs “apprennent a se presenter d’une certaine facon” et pas d’une nouvelle pour augmenter leurs chances, les applis “apprennent des actions et des preferences des utilisateurs, ce qui peut parfois conduire a la perpetuation ou a l’amplification des prejuges humains.” Tinder, notamment, “recommande des matchs bases sur 1 modele patriarcal : le systeme apprend que certains hommes plus ages preferent les profils de femmes plus jeunes avec un niveau d’education inferieur, mais l’algorithme pourrait alors suggerer le meme modele a d’autres utilisatrices de l’application.” Pour ce motif, “les hommes aises paraissent plus susceptibles de parcourir des profils de femmes moins eduquees”.