5 La diffusion des sites de rencontres traduit une democratisation de leur usage. Avec le temps – et plus precisement avec l’augmentation de l’acces a Internet et la visibilite accrue de ces services –, la population des usagers s’est diversifiee (figure 1). En 2006, les cadres et les personnes de professions intellectuelles superieures etaient deux fois plus nombreux que les ouvriers a avoir utilise ce genre de site (13 % versus 6 %). Sept ans plus tard, l’ecart s’est reduit (16 % contre 13 %). Les classes superieures restent donc surrepresentees parmi les usagers mais, au cours des dernieres annees, les clivages sociaux se sont attenues.
6 Cette democratisation vaut egalement pour les lieux de residence. Alors qu’au milieu des annees 2000, la frequentation des sites de rencontres etait tres urbaine, et notamment parisienne, elle s’est depuis repandue a travers le pays. Or, la diversification sociale des usagers n’implique pas forcement leur brassage. On constate desormais une segmentation forte des sites qui s’adressent a des populations-cibles specifiques : personnes d’un certain age, lieu d’habitation, milieu social ou culture religieuse . La democratisation des sites de rencontres est en partie une « democratisation segregee ».
7 L’usage des sites de rencontres est particulierement important chez les jeunes de moins de 30 ans. Il s’agit la d’une generation socialisee tot aux pratiques numeriques et avec un usage extensif d’Internet. Surtout, c’est un groupe d’ages dans lequel on compte de nombreux celibataires. Cela est particulierement vrai pour les hommes qui se mettent en couple plus tardivement que les femmes. De ce fait, les sites de rencontres comptent plus d’utilisateurs que d’utilisatrices chez les 26-30 ans. Parmi ces personnes, 36 % des hommes declarent s’etre deja inscrits sur un site contre 23 % des femmes (figure 2). Le sex-ratio s’equilibre cependant lorsque l’age augmente. A partir de 46 ans, le taux d’usage differencie peu les sexes et s’inverse meme en faveur des femmes aux ages les plus avances. Plus nombreuses que les hommes a vivre seules a ce moment de la vie, les femmes sont aussi plus enclines a frequenter les sites dedies a la (re)mise en couple. La population des usagers reflete la population des celibataires et des individus vivant « hors couple ». Loin d’etre un marche parallele – ou cherchent a se rencontrer des personnes autrement incapables de trouver un partenaire –, les sites sont traverses par les memes logiques que le oureux et sexuel « ordinaire ».
En ligne comme hors ligne, c’est souvent au partenaire masculin de prendre en charge les frais lies a la rencontre
8 Les modalites d’usage different egalement selon le sexe. Sur de nombreux sites, les contacts entre usagers sont payants et requierent la souscription d’un abonnement. Souvent, ces frais ne s’appliquent qu’aux utilisateurs masculins. Les hommes sont ainsi plus nombreux que les femmes a avoir paye pour utiliser des sites de rencontres. Parmi les personnes ayant frequente ces sites, 45 % des hommes declarent avoir deja souscrit un abonnement contre 18 % des femmes. Les conditions d’usage se conforment ainsi aux codes traditionnels de la seduction heterosexuelle.
Cela place les sites en cinquieme position dans le palmares des contextes de rencontre, derriere le lieu de travail, les soirees entre amis, les lieux publics et l’espace domestique (chez soi ou chez d’autres)
9 Si les sites de rencontres attirent un public nombreux, ils participent encore peu a la formation des couples. Parmi les personnes ayant rencontre leur partenaire actuel entre 2005 et 2013, moins de 9 % l’ont connu via ce type de service. Contrairement a une idee recue, les sites de rencontres ne sont pas devenus un mode de rencontre dominant https://datingranking.net/fr/cybermen-review/ en France a l’exception des couples de meme sexe (encadre 3).